Le Ptit Bistro Réunionnais, tout juste bon, et long…

Aujourd’hui, par la force d’un restaurant fermé pour congé, nous avons changé notre fusil d’épaule et sommes allés déjeuner au Ptit Bistro Réunionnais, qui ne fait pas de cuisine traditionnelle, contrairement à ce que son nom pourrait sous-entendre, mais de la bistronomie métro avec des produits locaux.

Nous avons réservé pour être certains d’avoir une table. Visiblement nous avons bien fait, le restaurant a l’air d’être fréquenté. Ce qui fait écho aux quelques bons retours que nous avons eu au sujet de cette adresse de Saint-Paul. Une terrasse devant, une autre plus grande derrière et une salle climatisée entre les deux contituent l’espace où un dynamique serveur court dans tout les sens.
On prend notre commande de boisson, sans nous proposer la carte. Celle-ci se pointe peu après l’arrivée desdites boissons, un cocktail de fruit frais et une mousse locale. Les cocktail créatifs sont au nombre de neuf, et affichent des tarifs entre 10€ et 12€. Pas moins
Entre le moment où nous avons posé nos séant et le moment où on a eu la carte en mains, il s’est déroulé un temps. Raisonnable, mais un temps quand même.

La carte, resserrée, propose 3 entrées, 5 plats, plus une suggestion du chef, du tartare de thon rouge aujourd’hui. Nous n’avons pas vu les desserts mais ils existent. Une table a commandé un café gourmand.
Nous choissons le burger du moment et le tartare, bien vendu par le serveur, qui présente les plats, fait assez rare dans les restaurants de cuisine traditionnelle, sauf peut-être chez certains établissements touristiques, qui feraient mieux de cuisiner correctement au lieu de donner des explications de texte aux visiteurs, d’ailleurs, pour vendre leur tambouille.
La carte propose aussi des tatakis, une ombrine pochée, du porc ibérique et une pièce du boucher, chaque plat étant décrit en deux lignes.


En entrée, nous demandons les accras de morue, les préférant au calamar (probalement surgelé) et au foie gras du bistrot.
Les accras sont servis chauds, après un temps d’attente qui a dû correspondre à leur passage en friture. Ils sont excellents. Légèrement croustillants dessus et moelleux dedans, ils fleurent bon les fines herbes, et la morue se fait entendre un peu, même si nous aurions aimé sentir davantage son caractère.

Le serveur court, comme le furet de la comptine, et ramasse le ramequin vide après un certain… temps. Il a l’air seul. Puis, le temps se fait long avant l’arrivée des plats. Chacun ayant son appréciation toute personnelle du temps qui passe, en fonction de sa dose de patience innée et acquise, nous décidons, au bout de cinq minutes, de lancer le chronomètre, afin d’avoir une idée précise du délai et vous laisser apprécier par vous même.
Résultat, nous avons attendus près de 30 minutes nos plats. Le soir, passons, mais le midi, on n’a peut-être pas que ça à faire.
Ceux-ci finissent par arriver avant que les toiles d’araignées n’apparaissent sur nos membres. Le serveur nous demande pourquoi nous avons déclenché le chrono. A la base, ça ne le regarde pas, mais nous répondons laconiquement « on n’aime pas attendre »… (voir explication ci-dessus)


Les assiettes sont joliment dressées, et font envie, mais les quantités paraissent un tantinet maigres.
Nous attaquons le tartare. Il est encore frais, mais ne va pas tarder à se caler sur la température ambiante. La mâche est un peu molle, mais correcte. L’assaisonnement est sympathique, avec cet ajout de wasabi qui vient claquer l’avocat. A côté, la petite salade mesclun fait son office, avec une vinaigrette parfaitement dosée tant en terme de quantité que de force.
Le tartare est atomisé en deux coup de cuillère à pot, laissant comme un goût de pas assez. Les frites maison, en partie molles aussi, ne nous consolent guère, même si elles sont bonnes. Attendre 30 minutes et payer 30 euros pour ça, c’est un peu exagéré.


Le burger se montre à peine plus costaud que le tartare. Le steak hâché, demandé saignant, est plus cru qu’autre chose. La garniture est minimaliste, pour ne pas dire misérable. Le pain est sec, et peu qualitatif. L’ensemble est froid. L’auraient-ils oublié dans un coin en cuisine ? Malgré cet enchaînement de couacs, l’affaire se mange quand même, mais sans le plaisir attendu eut égard au tarif, 23 euros ! Les rapports qualité prix et quantité prix sont mauvais.
Des personnes arrivées après nous repartent avant nous. Ce pourrait-il que le tartare soit la raison de ce retard ? Ou les accras ? Nous sommes arrivés à midi cinq tapantes. Le ticket de caisse affiche 13h26. Heureusement que nous avons refusé les desserts, craignant un délai supplémentaire trop conséquent.

Nous repartons en réglant une note de 79,50€ pour deux personnes, en ayant encore faim, soit presque 40 euros par tête, avec une seule entrée, sans vin et sans dessert ! Si vous vous contentez du plat le moins cher, c’est à dire le burger, sans entrée, sans boisson, sans dessert, vous en aurez pour 46€ pour deux personnes. Chaud patate.

Les temps sont durs pour tout le monde, y compris pour les restaurateurs, qui sont parfois contraints de répercuter la hausse des denrées sur la note du client. En l’occurrence, nous avons la nette impression qu’au P’tit Bistrot Réunionnais, on joue sur les tarifs ET sur les quantités. Ajoutez à cela un service sympathique (même s’il a tendance à outrepasser les règles élémentaires de réserve), mais long, ainsi qu’une qualité globale assez ordinaire somme toute, et on peut comprendre que la note nous soit restée coincée en travers du glou. On ne renouvellera pas l’expérience à ces tarifs là, lesquels semblent convenir à la clientèle présente, assez aisée, du moins en apparence. Le Ptit Bistrot Réunionnais n’est sans doute pas une mauvaise adresse (5/5 sur TripAdvisor !) mais pour accepter ses choix, votre portefeuille doit être suffisament généreux, davantage en tout cas que votre appétit.

“Chez Titis”, la cuisine péi à bon porc

Une recommandation nous incite à visiter ce nouveau restaurant du centre ville de Cilaos, “Chez Titis ”. Nous sommes curieux de voir ce que donne cette échine aux lentilles de Cilaos qu’on nous a décrit avec des détails à nous humecter babines et moustaches.

Pour rappel, nos dernières visites culinaires dans le cirque s’étaient soldées par une critique positive du restaurant La Marmite du Cap, posé à l’entrée de l’agglomération, et un “voyage” de coup de chabouk trempé dans le vinaigre pour quelques autres. Suite à quoi il nous a été remonté la complainte hélas monnaie courante du restaurateur en mal de personnel qualifié, et motivé, que ce soit en cuisine ou en salle.

Nous avons réservé, mais était-ce bien nécessaire ? On est en semaine, la salle est grande. Nous comptons une soixantaine de couverts environ, avec de l’espace pour éviter de comprendre la teneur de la conversation à la table voisine. La décoration est sobre, presque minimaliste. Les lieux étaient occupés auparavant par un magasin de cycles. Des coups de pédales restent à donner pour rendre tout ça plus accueillant et chaleureux.
L’accueil est souriant. Le service l’est tout autant. Et, contrairement à notre complice qui a failli prendre racine sur sa chaise, notre attente s’avère normale. Pendant les “coups de feu” des week-ends, la chanson pourrait donc être différente.
Trois plats sont à emporter : cari porc ti pois, cari thon massalé et saucisses bringelles. Ceux là ne feront pas long feu. À la carte : quatre plats avec des lentilles de Cilaos, quatre autres créolités dont deux réalisées au vin blanc, de Cilaos itou, plus un bol renversé.

Nous souhaitons tenter le civet de pied de porc fumé au vin blanc, mais à condition que ce dernier soit le vin blanc sec du chai. Ce à quoi on nous répond par la négative. Aujourd’hui, c’est du vin traditionnel. Donc sucré. Donc non. Un civet la patte nous tente, pas un plat aux notes sucrées salées qui tutoient la sarcive. Heureusement que nous avons bien insisté sur ce point. Une expérience récente du côté du Sud nous a montré que des chefs ou restaurateurs négligent certains détails à la rédaction de leurs cartes et menus, ce qui peut être source pour le client de déconvenues.
Nous nous rabattons donc vers un rougail zandouillette, et la fameuse échine. Si nous nous rapportons au ticket de caisse, le restaurant constitue l’émanation d’une charcuterie, valorisant donc les produits de cette dernière. L’exigence concernant la viande est conséquemment plus grande. Elle sera satisfaite.

En effet, la côte d’échine qui trempe dans les lentilles est tout à fait fondante, sans sécheresse sous la dent, en long, en large ou en travers. Le fumé et son fumet nous titille les narines avant de nous caresser le palais. C’est un petit peu sauvage, comme les réminiscences d’un bon cochon des campagnes, nourri au conflore, grillé sur feu de bois (ce qui, sauf erreur, n’est pas le cas). Le gras est présent, mais très raisonnable. Les lentilles, fort goûteuses aussi, accompagnent parfaitement la viande avec leurs notes végétales et minérales qui les distinguent des lentilles communes. Tout cela eut été parfait si le sel s’était montré moins vantard, particulièrement dans les lentilles.

Côté andouillettes, le sel se fait légèrement plus discret, affichant assez de muscles tout de même pour taper dans le dos de cette charcutaille aux morceaux hétéroclites concernant la texture. Dans l’ensemble, nous avons quand même suffisamment de mordant pour avoir du plaisir. Le gras, présent, n’est pas pour autant “ragoulant”, et l’assaisonnement en thym et poivre est assez puissant pour nous chauffer les papilles. Nous déplorons toutefois un manque de croquant qu’auraient pu offrir des morceaux plus cartilagineux. Ou alors ils ont été trop moulus.
La saveur générale est bien moins musquée que ce à quoi nous nous attendions, mais autorise quand même une appréciation positive.

Le riz, de son côté, est correctement cuit, mais quelques grains nous ont semblé encore durs. Un dessus de marmite sans doute. Les haricots sont parfumés, mais la sauce aurait gagné à une réduction plus poussée. Le rougail zoignons, teinté de piments rouges, pour sa part, est indigent. C’est fort, et c’est tout. Le goût passe à la trappe. Certes les fruits et légumes sont rares et chers en ce moment, mais un rougail tomate arbuste (ou bringelle) aurait mieux passé avec ces plats.

Nous terminons avec une coupe de glace et un moelleux au chocolat, servi chaud et fondant, des délices à confesser pour faire baver le curé. Nous repartons après règlement d’une note de 56 euros pour deux boissons, deux plats de résistance et deux desserts. Le rapport qualité/prix est correct.

Quand nous faisons chauffer le clavier pour décrire la visite d’un établissement qui vient d’ouvrir, ce n’est pas pour le fouetter, quand bien même y aurait-il matière. En général on attend un peu que la machine ait trouvé son rythme de croisière avant de sortir le chabouk sus mentionné. Chez Titis, en l’occurrence, c’est plutôt bon. Les charcuteries sont d’excellente facture en tout cas. On pourrait, ici et là, relever des petites faiblesses. Cela manque de légumes frais notamment, mais les conditions actuelles l’expliquent peut-être. Si, en revanche, c’est habituel, il est bon de conseiller d’adjoindre à la charcuterie des accompagnements en salade verte (ou achards, choux, brèdes), histoire d’alléger un peu tout ça, comme cela semble être déjà le cas avec les grillades.
Nous suivrons donc l’exemple de notre complice passé en éclaireur en vous recommandant Chez Titis, étant entendu que nous y avons déjeuné en semaine, et que la salle était loin d’être pleine.
Bon appétit.

Chez Louiso, une cuisine familiale top niveau à Sainte-Rose

Il en est de la pêche au lagon comme de celle des bichiques et de la chasse aux tangues, si l’on n’y prend garde, un de ces quatre matins, les espèces vont disparaître. Les braconniers auront l’air malin, les pêcheurs et chasseurs honnêtes aussi, surtout ceux qui revendiquent une tradition foulée au pied par des “extérieurs” (litote pour ne pas dire ouvertement “zoreils”). La tradition, elle a bon dos, parfois. Son respect et sa perpétuation ne doit pas se faire au détriment de la protection de l’environnement, laquelle est précisément garante de la survie des activités de pêche et de chasse traditionnelles !

On se souvient encore des vendeurs de zourite pendillé su bord’ chemin, dégoulinantes, qu’il fallait travailler au gourdin, mais dont les caris et civets exhalaient l’iode et le corail. Aujourd’hui, il faut connaître les bons endroits et les bons moments pour les trouver. Il est plus simple pour les restaurateurs de se rabattre sur les zourites surgelées. Question de quantité d’abord, et c’est plus “administrativement correct» aussi, qu’on le déplore ou pas. Tout le goût d’un civet se retrouve donc d’abord dans le “coup de main” du cuisinier ou de la cuisinière. C’est plus long à écrire, mais l’écriture inclusive, vous savez ce qu’on lui dit ?

C’est en l’occurrence une cuisinière qui est l’auteure du civet que nous dégustons ce jour là, par un temps réconcilié avec le soleil, du côté de la Marine de Sainte-Rose. Elle s’appelle Clara, et nous fait un sourire en tranche papaye tel qu’on a envie de l’embrasser comme du bon pain, avec des “poutous” bruyants. Nous avons en effet tenu à la rencontrer suite au repas, mais avons promis de ne pas publier sa photo. Allez la voir vous même.
Elle travaille dans le petit restaurant “Chez Louiso” posé sur le bord des rochers à coté du port de Sainte-Rose. Un établissement connu des habitants du coin et des touristes aussi, classé dans les dossiers épineux de la mairie. Qui n’aimerait pas profiter d’un pareil panorama, entre le port, la côte verdoyante, l’horizon qui poudroie et le départ du joli sentier littoral ?

Nous débarquons sans préméditation, trouvant un menu très classique dont seuls le civet zourite et le porc massalé suscitent notre intérêt. Le civet est servi très vite, à l’assiette. Le dressage est simple mais donne envie. La couleur du zourite conserve de jolis reflets rougâtres appétissants. La première bouchée, très engageante, révèle un dosage savant du vin, qui préserve l a saveur typique de l’octopus. La chair est tendre, tout en gardant une belle mâche. Un roussi expert ressort de la sauce dont le riz se teinte. Les bouchées s’enchaînent et le plaisir augmente, atteignant son point culminant quand nous ajoutons le rougail tomate arbuste juste assez fort pour contenter les palais exigeants sans choquer les papilles sensibles. Ce civet zourite est une pure réussite. Un des meilleurs que nous ayons trouvé pendant nos visites. Pour être parfait, il faudrait peut-être un peu de persil haché finement par dessus (sachant que le persil, en ce moment, s’appelle Belal).

Le soir venu, nous attaquons la barquette de porc massalé pomme de terre, qui a embaumé la charrette jusqu’à Saint-Denis. Le cochon s’affiche en morceaux coupés moyennement gros, secs sur les entournures pour certains, plus moelleux pour d’autres. Dans tous les cas, pas de tracas pour les molaires qui s’y enfoncent allègrement. Le massalé qui emballe la viande joue dans la catégorie des équilibrés, pas trop torréfié, mais aussi bon en bouche qu’il l’est au nez. Nous l’accompagnons de deux piments cabris rouges ciselés pour lui donner encore davantage de peps.

Les haricots blancs sont assez crémeux, et accompagnent très bien le civet. À l’assiette, le riz, finement choisi, offre la mastication satisfaisante de grains longs non secs et absorbants. Nous déplorons seulement une quantité un peu en deçà de ce que notre appétit, décuplé par le zourite, attend pour être satisfait pleinement.

Nous repartons en réglant une addition de 24€ pour une boisson et deux plats (dont une barquette), le rapport qualité prix est excellent.

Si vous souhaitez profiter de la cuisine de Clara Pinot, vous pouvez encore le faire, mais jusqu’à quand, c’est une autre histoire. L’établissement se trouve hélas assis sur un siège éjectable, dont le bouton attend le doigt de la mairie, pour des raisons diverses qu’on ne va pas commenter ici. On peut seulement dire que si la rigidité administrative doit être appliquée, sans considérations humaines par ailleurs, elle doit l’être tout le temps, partout, pour tout le monde et dans tous les domaines. Est-ce vraiment le cas ? On vous laisse la réponse.
Ce serait dommage de priver Clara de ses fourneaux, et de l’opportunité de régaler les visiteurs du port de Sainte-Rose. Souhaitons à toute l’équipe de pouvoir trouver un avenir plus serein, où qu’il soit, pour que d’autres profitent encore longtemps de cette cuisine familiale, simple et succulente.

Au tangue en emporte le braconnier

J’entend souvent autour de moi des compatriotes « de souche » grogner et pester contre les « zoreils » qui font ceci ou cela, c’était le cas voici quelques années quand des artisans venus de l’hexagone se sont installés ici. Heureusement, ça s’est tassé, et certains Réunionnais se sont même dit : « si eux le font pourquoi pas nous », ce qui a boosté le secteur. C’était avant les Gilets Jaunes, la covid, etc. Aujourd’hui, l’association One Voice en prend pour son grade, sous prétexte qu’elle est venue mettre son nez dans la chasse tangue, et sans qu’on se pose la question : « et nous on fait quoi ? ». 

En effet, qu’est-ce qu’on fait concrètement, contre le braconnage, source de tous les maux, que soit chez les tangues, les palmistes, les bichiques, à part vociférer vainement contre l’Etat ou poser à grands frais des caméras de surveillance ?
Il serait peut-être plus judicieux que le kréole cesse de faire sa souche, et mette de l’ordre lui même dans sa case, à savoir repérer, dénoncer et mettre hors d’état de nuire les braconniers, dont certains sont au demeurant pas trop dur à trouver. 
« Le risque avéré est que de nombreux chasseurs se mettent au braconnage qui est plus rentable » écrivait Emma Hoareau dans un article paru en décembre dernier sur Clicanoo. Cela s’appelle appuyer du doigt où ça fait mal. 
Il faut changer certaines mentalités, héritées d’un passé où la nature était plus généreuse et les Réunionnais moins nombreux, qui veut qu’on aille se servir si on en a envie, qu’importe la loi, la protection de l’environnement, etc. Le braconnage est un cancer. Les braconniers ne sont ni plus ni moins que des bandits, des voleurs, et des abrutis. Ce changement de mentalité doit passer par une sensibilisation sérieuse et dans la durée des jeunes générations, depuis l’école primaire.

Protéger les tangues en s’attaquant au braconnage, c’est aussi préserver un patrimoine culinaire.

Alors c’est très bien de hurler, mais faut pas attendre l’ouverture de la chasse pour le faire. Le travail de « nettoyage », qu’il convient d’opérer avec les services de l’Etat, en les secouant toute l’année si nécessaire, doit porter ses fruits en traitant les braconniers comme ce qu’on pose dans la cuvette, avant de tirer… la chasse ! La nature le demande. La préservation des espèces le demande (quand bien même les tangues ne seraient pas en danger de disparition, pour l’instant). La richesse et la fragilité de notre terroir le demande. L’avenir des marmailles (y compris ceux des chasseurs, et des braconniers) le demande.

Alexandre Bègue

A lire aussi > Braconnage : le ras-le-bol des chasseurs / Un braconnier de tangues interpellé à Saint-Joseph / Objectif 15 mars pour « sauver la chasse au tangue » / « Les chasseurs sont des protecteurs de la ressource »

Séoul Oppa, le petit coréen qui promet

Pour varier les plaisirs gustatifs asiatiques nous avons poussé la porte d’un restaurant coréen, installé récemment dans le chef-lieu, dans les murs jadis occupés par le Comptoir du Potager. Nous n’avons pas été déçus.

Ce restaurant existe grâce à un mariage entre une Coréenne et un Réunionnais. Pour l’occasion, Donghyuk Park, un ami, fait le déplacement. Visiblement La Réunion lui tape dans l’œil, puisqu’il décide de revenir, avec épouse, armes et bagages, y monter cette affaire qui lui fait quitter son métier pour apprendre à cuisiner. Le français, il ne maîtrise pas encore bien, mais sait se faire comprendre. La cuisine en revanche, avec Minji, sa moitié, il maîtrise, en dépit d’une expérience assez courte.

Donghyuk et Marjorie

Installé depuis juillet dernier où le père Foumenaigue faisait danser ses marmites, avec le talent qu’on lui connaît, le Séoul Oppa a très vite pris ses marques, en douce et sans secousses. Les tables ne sont pas nombreuses mais elles sont toutes occupées quand nous arrivons. Heureusement nous avons réservé. À la carte, diverses spécialités de la péninsule coréenne aux noms inconnus des néophytes : Mandu, Chicken Dunbap, Ramyeon, Hae-mul Pa Jeon… chaque plat étant détaillé en français pour guider le client. Mandu, fried Chicken, Bibimbap et Kimbap sont notés par la serveuse, Marjorie, qui arbore un sourire à faire fondre le premier mal embouché venu. Elle fait montre d’un professionnalisme exemplaire. Une boisson légèrement alcoolisée (3%) à base de citron nous humecte la glotte. On dirait qu’une épaisseur, comme celle d’un punch coco crémeux, a été diluée dans de l’eau pétillante à petite bulles. C’est délicieux.

Le Mandu, ravioli fait maison à base de poulet et de légumes nous évoque un mélange savant entre une omelette et un nem. Omelette par la présence d’œuf, à la texture légère, comme brouillés, et nems par la présence d’herbes aromatiques et de soja, en plus petite quantité. C’est croustillant dehors, mou dedans, et cela s’imbibe magnifiquement des sauces en accompagnement, soja et aigre-douce. Les morceaux de poulet frits sont basiques et sans prétention, mais font le job. Cela se picore sans y prendre garde.

À la lecture de la composition du Bibimbap, nous nous attendons à déguster une sorte de bol renversé. L’affaire tient davantage du Bobun. Les légumes de saisons apportent fraîcheur et croquant pour équilibrer le riz cuit collant. Ce dernier boit d’ailleurs à merveille la sauce épicée baptisée Gochujang, dont profite aussi les émincés de bœuf tendres. Une soupe du jour est proposée à côté pour le même prix. C’est parfumé et raisonnablement salé.

Les Kimbap, quant à eux, ressemblent à des gros makis. Une mince couche de riz en pâte couverte d’algue, prend dans ses bras des œufs, des carottes, des radis marinés et de la salade verte. La chose est fondante et très goûteuse, toujours dans l’équilibre des textures entre moelleux et croquant. Le samedi, Séoul Oppa vous suggère de goûter aux Tteokbokkis, des gâteaux de riz à la sauce épicée.

Nous quittons la place en réglant une addition de 55,50€ pour deux boissons, deux entrées et deux plats de résistance. Le rapport qualité prix est bon.

Bon rapport qualité-prix en effet pour des repas qui, tout en calant son bonhomme, ne se sont pas avérés lourds à la digestion. Les saveurs sont délicates, voire raffinées, sans se montrer trop timides. Pour des chefs débutants, voilà une cuisine qui nous semble fort correcte de prime abord, sachant bien sûr que nous ne sommes pas des spécialistes de la cuisine coréenne. Un palais entraîné y trouvera peut-être à redire, encore qu’il faudrait pondérer avec le fait que les ingrédients d’ici sont sans doute sensiblement différents de là-bas. Le Séoul Oppa (mot signifiant «frère aîné» en coréen, avec des subtilités sémantiques probablement) peut se prévaloir d’abord du mérite de diversifier l’offre de gastronomie asiatique dans le Nord, et s’il continue sur cette lancée qualitative, il lui faudra rajouter des tables, ou faire patienter la clientèle. Si vous voulez réserver, il faudra passer par Instagram ou Facebook. Aucune ligne de téléphone n’est installée.