Les Terrasses de Bellepierre tiennent le cap

Notre dernière visite officielle aux Terrasses de Bellepierre nous ramène en 2021. Trois ans plus tard, les lieux n’ont pas changé, et le défilé aux barquettes non plus, semble-t-il. On peut toujours déjeuner sur place, et confortablement. Le patron donne toujours du « mon caf » à ses clients, ce qui a le don de le rendre aussi sympathique qu’un vieux pote de l’armée, du temps de la conscription.

Au menu du jour, sauté de poulet aux champignons, rougail morue, rôti de porc à la marmite, chevaquines gros piment, poulet frit, sur place et à emporter. Côté terrasse : magret de canard au letchi, côte de porc jus de viande, spaghettis carbonara, pavé de saumon, bol renversé et cari de poisson rouge.

Ce dernier n’est sans doute pas pêché chez nous, vu le tarif, mais le patron nous rassure, il est bon.
Nous ne regrettons pas de lui avoir fait confiance. Nous commandons aussi les spaghettis pour voir, plus des chevaquines à emporter. Une eau gazeuse plus tard, le poisson débarque. Rouge il est, petit aussi. Pour une personne, c’est largement suffisant. Nous le reniflons un instant. Une belle odeur de tomate compotée, vivement teintée de gingembre nous chatouille les sinus et nous excite les glandes salivaires.
C’est un peu moins le cas du riz, bien cuit, mais qui remugle le renfermé des vieux sacs oubliés.

Les haricots sont en crèmes, bien veloutés, et très bons.

Ces accompagnements corrects n’arrivent pas à la hauteur du cari lui-même. Le poisson est littéralement imbibé de sa sauce rouge épaisse, et fond littéralement dans la bouche. Sa saveur est soutenue par un gingembre joyeux sur un sel dosé pour jouer pleinement son rôle d’exhausteur de goût. Bien sûr, la chair délicate n’affiche pas le raffinement d’un « Grand Queue » local, celui qui colle aux doigts, mais l’ensemble est excellemment apprêté. Harry, le cuisinier, est visiblement loin d’être un bleusaille de la marmite.
Le rougail de chou, frais et croquant, une originalité, finit de relever l’ensemble en lançant des décharges sur les papilles, qui s’affolent. Une merveille.

Nous avions tantôt goûté à un rougail de chevaquines rouges provenant d’un camion bar de l’Etang-salé, ici nous avons la version « marron », en cari, avec des crustacés plus frits, qui dégage cette sainte odeur piquante d’aisselles de matantes en fin de repassage par un décembre caniculaire. Le rougail de chou lui va bien, mais un piment vert « krazé » au combava encore mieux.
Un mot sur les pâtes. Si ça, ce sont des spaghettis carbonaras, la tambouille d’Etchebest c’est le parangon du rougail saucisses. Le plat tient davantage du sauté de mines que de la sommité culinaire italienne, telle qu’on pourrait la déguster au Méditerraneo ou au Grande Italia. Les petits légumes donnent tout de même une mâche intéressante, et le fromage est volontaire. L’assiette est appréciée quand même.

Les restaurant Les Terrasses de Bellepierre garde un niveau très satisfaisant en dépit des années qui passent, si on juge d’après les plats dégustés ce jour. Les tarifs sont abordables. 6€ à emporter, 12€ quand la barquette se transforme en place assise, 18€ un cari de poisson rouge magnifique, de quoi se caler le gésier sans épuiser son porte-monnaie, plus le plaisir, bien sûr. Le service du patron est toujours aussi agréable. De quoi octroyer au restaurant une belle fourchette en fin d’année, sous réserve que la qualité se maintienne. A vous de juger.

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